Une étoile dans la nuit...

Par une fin de matinée comme il s’en passe habituellement sur les terres d’argent, un être de haute stature se présenta aux portes de la cité des constellations. Cet elfe était revêtu d’une tenue noble de seigneur comme peuvent en vêtir ces habitants des forêts où leurs armures imitent avec un grand art des formes végétales. Il portait un chapeau marron sous lequel était attaché des cheveux mi-long blanc attaché avec un ruban de soie. Posé sur ses épaules, un manteau vert sombre semblant usé par le temps et les voyages tombait jusqu’à ses pieds. Tandis que son armure était d’un mélange de vert et de bleu sombre en souvenir des ordres de chevalerie de son royaume déchu. Comme tout bon prince, c’est sur son cheval qu’il arriva, sans son bâton de nacre mais avec l’épée de son père défunt à sa garde.

Arrivé devant les portes, il descendit et regarda un instant cette enceinte, comme essayant de s’imprégner et de juger de la puissance de ce royaume rayonnant. Mais, si un homme le regardait, il rirait de son attitude et se poserai une infime petite question : Pourquoi cet aveugle observe ? C’est complètement débile, il ne voit rien. Et oui, en effet, l’elfe se prénommant Thorin a un regard embrumé, ses pupilles étant bleutées jadis sont maintenant grisées par sa cécité. Une malédiction chèrement payée jadis quand sa douce est tombée. Cette maladie étant le prix pour avoir aimé une mortelle.

Enfin quoi qu’il en soit, c'est avec la stature d'un seigneur que ce prince déchu s’avança près des portes et tapa avec son poing en appelant pour qu’on lui ouvre :

« - Constellations ! Un aveugle demande hospitalité ! »

Puis, il resta immobile devant la porte, attendant une réponse. Comme si ce dernier était mort, figé comme une statue.

Figé devant ces murailles, il l’entend, cette démarche presque dansante dans la brise. Quelqu’un viens, déjà. Il écoute attentivement les moindres bruits de son ouïe développée. Le fait d’avoir perdu un sens n’a fait qu’augmenter et aiguiser les quatre autres, un handicap chèrement payé pour atouts bien maigre en récompense. Une malédiction ayant toujours des allures de fatalité plutôt que de bienfait. Mais cet elfe ne se plaint pas, il ne s’est jamais plein, peut être une seule fois, ce jour où il hurlait agonisant dans son lit quand ses ailes d’anges avaient poussées forçant et arrachant l’écorce de son dos dans un bain de sang. Cette douleur est gravé dans son âme et jamais il n’oubliera le prix d’avoir était l’élu.

Mais hélas, ses grandes ailes de plumes blanches ne sont plus que souvenirs, tel l’automne, une par une, elles sont tombées, tel des feuilles mortes ou comme les gouttes de pluie, pleurant avec l’ange aux ailes grises le destin fatal de sa bien aimée. De ces ailes, il ne reste aujourd’hui que deux cicatrices sur le haut de son dos, au niveau des omoplates, douleur lancinante parfois, comme l’instinct de faire bouger ces ailes qui n’existent plus.

Soudain, il entend qu’on lui ouvre, levant la tête plus par habitude que réellement objectif de distinguer son hôte, il plonge son regard vide vers l’être qui l’accueille. Le son étant murmure de sa vision, il distingue la silhouette de la jeune femme, car c’est bien d’une femme qu’il s’agit, les ondes sonores de la nature sont messagères divulguant les formes propres aux femmes. Il ne peux distinguer la couleur des choses, mais par le dessin des épaules, du bassin et des jambes, il distingue sans nulle doute possible que c’est une humaine, aux longs cheveux qui plus est, la brise jouant dans ces derniers comme une enfant jouant dans les fils de soie froids et humides d’une cascade.

La voix de ce reflet de Vénus résonne dans son cœur et confirme ses hypothèses, il s’agit bien la de la danse d’une femme. Ecoutant et pesant chaque mot qu’elle lui brode, il sourit, rendant son visage à la jeunesse éternelle bien plus chaleureux et accueillant. Cette étoile qui éclaire son chemin est une lueur bienfaitrice, une prêtresse des constellations. Qui plus même, elle lui propose de guider ses pas au sein de cette demeure en lui offrant son bras. C’est dans une marche noble qu’il s’approche pour être vis-à-vis à Kayra, il se décoiffe, puis tel un acteur de théâtre, s'incline et se présente :

" - Enchanté Kayra, étoile guérisseuse. Je me nomme Thorin, fils de Jorin le loup blanc, grand roi défunt du royaume de la lumière, LandOrion. Des terres nichées dans les montagnes où la neige ne fond jamais. Je tiens à m’excuser n’étant plus que le pâle reflet de ce que je fus jadis. "

Puis, l’elfe lui sourit faisant disparaître son chapeau dans la brume, comme par magie en disant :

" - C’est avec joie que le maître du son que je suis accepte ce bras que vous m’offrez. Je suis mage vagabond, offrant mes services aux nécessiteux."

Puis, il s’avance et prend délicatement ce bras qui lui est gentiment offert en disant :

" - Ce roi m’a jadis fait confiance, c’est donc sans hésitation que je donne ma confiance à l’une de ses aides de camps."

Puis, il resta un moment comme pensif et son cheval se mit à les rejoindre pour s’arrêter à l’intérieur de l’enceinte, comme attendant qu’on s’occupe de lui. Thorin s’était arrêté et appréciait la brise de fin de matinée sur son visage, inspirant le parfum agréable de cette charmante jeune femme dont ils se tenaient bras dessus, bras dessous.