Une invitation

L'invitation avait été lancée la veille. Ou peut-être le jour d'avant. Il y avait tant de choses nouvelles à voir que j'avais l'impression qu'une journée en contenait plusieurs. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas connu cet état d'excitation.
Mon cœur et mon esprit voulait encore découvrir ces terres, ressentir cette joie, ce frisson de la découverte, mais mon corps, peut habituer encore par tant d'effort, me demandait du repos.

Comme le temps passé au service de l'Unique me semblait loin à présent. Mes journées, organisées du levé au couché, nos rites, nos corvées m'apparaissaient désormais comme hors du temps, décalés, et – à ma grande honte – presque inutiles.

Fouillant dans mes affaires afin de chercher de quoi manger, je vis, au milieu de tiges et de graines de feuillus la lettre qu'il m'avait envoyé.
Pourquoi ne pas aller là-bas ?
Rencontrer du monde ne me ferait pas de mal. Même si cette invitation pouvait être un traquenard.

Mais comment savoir si ce n'était en y allant ?

En chemin, voyant une rivière, je m'y arrêtais un moment, afin d'améliorer mon allure et de ne pas avoir l'air d'une souillon.
Sans doute eu-t-il fallut que je n'aille pas là-bas les mains vides, mais je n'avais rien à offrir pour le moment.

Je n'avais emporté avec moi que la lettre d'Helevorn m'invitant ici, n'ayant pas jugé utile de m'encombrer de mes petites trouvailles, donc je ne connaissais d'ailleurs pas toutes leurs propriétés.

La tête ailleurs, je ne me rendis pas compte tout de suite que j'étais arrivée à destination.

J'était en train de m'entrainé avec mon arme dehors en y mettant plus de poids comme d'habitude.

Quand soudain je vit arriver une nouvelle demoiselle, encore une femme chez les constel on va devenir une guilde dominer par les femmes à la fin me dis je à moi même.

Mais faisant contre mauvaise fortune faisont bon coeur j'allat au devant de la demoiselle torse nu couvert de sueur.

Bien le bonjour jeune demoiselle Que puis je pour vous?

Je n'avais pas vu l'homme avancer vers moi et ne pu m'empêcher de reculer d'un pas, mes yeux passant de son arme à son torse puis son visage.
Mais je me détendis rapidement, et lui souris.

-J'ai reçu une invitation de la part de l'un des votre.
Il aurait sans doute mieux fallut que je vous prévienne avant d'arriver mais je...

Je ne pu finir ma phrase qu'un autre homme était apparu à nos côtés. Son apparition me fit sursauter et je retins de justesse une de ces petites boules de lumière que j'avais appris à faire depuis peu.

Je lui souris, comprenant par ses paroles qu'il s'agissait d'Helevorn, et cachait tant bien que mal dans mon dos la petite boule de magie, essayant de la faire disparaître.

Mon sourire devait avoir l'air un peu idiot devant la gaffe que j'avais failli commettre. Même si je n'étais pas sûre que cela lui aurait fait du mal, il aurait mieux fallu ne pas commencer une relation de la sorte.

-Avec plaisir.

Me tournant vers le premier homme, je m'inclinais très légèrement.

-J'espère avoir l'occasion de vous recroiser messire.

Puis je suivis Helevorn, sans trop faire attention à mes pas. Il fallait que je trouve un endroit pour lancer ma petite boule de lumière.
Il me manquait de l'entrainement pour la faire tout simplement disparaître. Il aurait été moins gênant si j'avais su le faire.
Mais j'espérais qu'il n'avait rien vu.

Espoir bien vite déçu.
D'une certaine façon cependant...

J'aurais du me douter que ma tentative pour cacher la preuve qu'il m'avait fait peur en arrivant pas surprise serait un échec. Je n'avais jamais vraiment su être discrète, pourquoi commencer maintenant ?

Cela ne m'empêcha pas d'être surprise en le voyant découvrir si rapidement une chose que j'espérais pourtant cacher.
Mes joues se colorèrent d'un léger rose, cependant très voyant.

J'attendais une remarque de sa part, du dédain devant mon incompétence. Mais, à mon grand soulagement, il se contenta de me sourire.

Ce que je voulais boire.
Je n'en savais fichtrement rien. Qu'elles pouvaient être les boissons par ici ?

-Vous auriez... De l'hydromel ?

Je voudrais aussi m'excuser d'arriver aussi tard, j'espère que ça ne vous dérange pas, vous et les votre ?

"De l'hydromel ?"un sourire"Bien sûr, et le meilleur de cette contrée. Il est réalisé de main de maîtresse par Calyso, notre prêtresse."

Je commandais deux cornes au tavernier avant de m'en retourner vers mon interlocutrice.

"Tu aimeras."calant mon dos confortablement contre le dossier, l'index posé le long de ma joue, coude sur le bord de la table, la regardant avec un léger sourire. "Ne te formalise pas, la nuit est un moment de choix pour pénétrer sur notre domaine. De plus, tu sembles ne pas avoir eu trop de difficulté à venir jusqu'ici, beaucoup se perdent dans le bois que tu as traversé..."

Le tenancier posa les cornes sur la table et repartit derrière son comptoir. J'approchais ma boisson de la sienne pour trinquer, la regardant droit dans les yeux.

-Vous avez une prêtresse ? J'aimerais bien la rencontrer. Ça me rappellera de bons souvenirs...

La mélancolie d'un monde qu'il m'était à présent interdit de revoir me prit. La pensée que j'avais pu faire quelque chose de mal et qui avait entrainé la punition de l'exil me traversa, mais je ne voulais pas y penser.

Son assurance me laissait quelque peu mal à l'aise, presque déroutée.

-Je souhaitais venir ici, et la forêt semblait m'ouvrir un chemin que j'ai suivi sans y prendre garde.

Un haussement d'épaule suit mon propos, tandis que je détourne les yeux, faisant semblant de regarder autours de moi alors que je cherche uniquement à me détacher de son regard.

Mais je ne peux pas l'éviter plus longtemps. Là d'où je viens, une jeune femme un peu simplette à la voix trop aiguë disait « dans les yeux sinon ça compte pas ».
Je n'avais jamais osé lui demander ce qui allait ne pas compter.

Alors, prenant mon verre, je plongeais mon regard dans le sien, et trinquais.

-A l'Uni...

Ma voix se casse, mes joues se colorent encore. J'essaie de me reprendre, de faire comme si de rien était.

-A Éolia.

"Tu feras sans doute bientôt sa connaissance."

Neala semblait troublée, elle tenta d'échapper a mon regard qui se faisait sans doute un peu insistant sans que je le contrôle, mais elle finit par plonger ses yeux d'or dans les miens pour trinquer.

"...et à ta venue sur la terre des éléments." ajoutais-je.

La couleur de son iris m'intriguait, et me renvoyait à un autre regard...je ne put m'empêcher de faire une remarque.

"Tu as des yeux aux reflets surprenants...une teinte affectionnée par Eolia, tu étais peut être plus prédestinée à Aéris que tu ne le croyais.." disais-je avant de tremper mes lèvres dans l'hydromel.

-Ma mère me racontait que, si mes yeux avaient cette teinte, c'est parce que l'Unique y avait mis sa lumière afin que les gens de notre peuple me reconnaisse en tant que prêtresse de notre Dieu.
Mais peut-être est-ce aussi, comme vous le dites, un signe vis à vis de la Déesse.

Je ne suis pas sûre que ma mère aimerait votre version cependant...

Je lui souris, et bois une gorgée de la boisson.

-Mais elle n'est de toute façon plus là depuis longtemps.

Je laisse le silence prendre place, et bois à nouveau, profitant du doux bien être qui m'envahit.

-Vous aviez raison.
J'aime.

Mon rire s'éleva lorsque j'entendis sa demande. Celle-ci me paru saugrenue mais il avait l'air sérieux.

-Vous ne connaisse.. Hum, pardon... Tu ne connais pas l'Unique ?

Je ne sais pas trop quoi en dire. Tout me semble évident. Dès notre plus jeune âge, nous apprenons à le sentir, afin de pouvoir le servir au mieux.
Mais tous n'y arrivent pas... Ou ne veulent pas être guidée par lui. Alors l'Unique les exils.

J'ai parlé à un homme il y a peu. Il se prénomme Nadhir. Il dit que l'Unique est père de tous les Dieux. Je ne le savais pas.
Par chez moi, nous n'avons pas de cultes pour Fimine, Vulfume ou un autre. Seulement pour l'Unique.
Il est le créateur de nos terres, notre protecteur. Chacun de nos choix est encouragé par l'Unique, qui choisit dans la population des hommes et des femmes qu'il juge digne de le servir.

Je souris en égrenant mes paroles, le regard lointain.

-Tout ça va me manquer.

Je me penchais vers lui, intriguée, et observais plus attentivement ses traits.

-Je n'avais jamais rencontré d'elfes auparavant. Êtes-vous beaucoup sur ces terres ?
Et que veux-tu dire quand tu parles de l'abysse ?

A présent que je savais qu'il était un elfe, je ne pouvais m'empêcher d'observer son visage. Tout ce que disait nos histoires sur eux n'étaient pas entièrement vrai.
Et ça expliquait beaucoup de chose quant à son anatomie.

-Je suis toujours partante pour une histoire, quelle qu'elle soit, dis-je sans trop y faire attention.
Dans nos histoires, les elfes ont les yeux rouges, de très grandes oreilles pointues.

Penser à ses histoires tout en voyant un véritable elfe devant moi me faire rire.

-Les gens racontent parfois n'importe quoi.

L'arrivée d'une femme à notre table me fit détourner les yeux. Son arrivée était pour le mieux car dévisager Helevorn, bien qu'il soit fort agréable à regarder, risquait de devenir embarrassant.

Je souris à la nouvelle venue.

-Bonsoir. Je m'appelle Neala.

Levant mon verre d'hydromel vers elle :

-Il est très bon.

Je réfléchis un instant à sa question, ne sachant qu'y répondre.

-Ce que vous pourriez faire pour moi ? Me parler ?

Un sourire franc apparut sur mon visage.

"De petite taille, vivant dans la nature, et fagotés avec les matières qu'offrent la forêt pour parfaire ce magnifique cliché ?" amusé "Ta description ressemble plus à celle des gnomes ou des lutins ; mais les hommes sont doués dans l'art de l'amalgame et du raccourci..." lançant un regard entendu à Calyso. "Les yeux rouge ceci-dit, je ne doute pas que ça fasse son effet pour effrayer les enfants impertinents. Un gnome albinos..." imaginant le personnage "Terrifiant.." avec une pointe d'ironie.

Entamant ma deuxième corne d'hydromel, recueillant l'excédant de breuvage des incisives sur ma lèvre inférieur.

-Non non, la taille correspond je dirais. Enfin je crois, dis-je en levant ma main en l'air comme pour mesurer la taille d'un elfe imaginaire.

Mais pour la fin, oui, c'est ça.

Je n'ai jamais vu de gnomes non plus. Mais des lutins si. Je me demande s'il y en a ici. Ils sont pratiquent une fois qu'on a réussi en a attraper un. Après ils pouvaient faire toutes sortes de tâches, plus ou moins bien.

Je regarde alors Helevorn droit dans les yeux, un sourire amusé aux lèvres.

-Peut-être qu'on peut faire la même chose avec des elfes ?

Il ne faut pas être devin pour voir que j'aurais du éviter mes derniers propos.

-Comme quoi, dis-je d'un tout doucereux, peu importe d'où l'on vient, en qui l'on croit, il y a toujours un petit point commun entre les différents peuples.
Heureusement que je n'ai parlé que des caractéristiques physiques que nos écrivains donnent aux elfes, sinon, nous aurions pu en venir aux mains.

Je me tourne ensuite vers Calyso, un petit sourire aux lèvres.

-Quelle genre de prêtresse êtes-vous ?

Cet échange manque me faire renverser mon verre. Je pose ce dernier et cache mes mains sous la table, serrant mes poings pour m'empêcher de trembler.
Je n'arrive pas à détacher mon regard de son visage. J'essaie pourtant de me détourner, de m'intéresser à Calyso, de cacher mon effroi, mais rien n'y fait.

Comment a-t-il fait, comment est-ce possible... Peut-il faire plus ? Contrôler mon esprit, voir ce que je pense ?
Non, s'il pouvait voir ce que je pense, il n'aurait pas eu besoin de me dire ça.

J'ai envie de lui répondre, mais de longues minutes de silence s'écoulent avant que je ne retrouve un semblant de calme.
Je voudrais lui expliquer à quel point il a raison de dire que les choses sont plus complexes qu'elles n'y paraissent, mais ce serait admettre que je sais pourquoi je suis en exil, et je n'y suis pas encore prête.

Alors je ne dis rien, et baisse les yeux.

-NON !

Mon cri a retenti dans toute la taverne, et ma chaise, renversée lorsque je me suis levée d'un bond, a atterri par terre. J'ai beau les serrer toujours plus, mes poings tremblent et mes ongles enfoncés dans mes paumes me font mal.

Ma voix tremble alors que je m'adresse à Calyso.

-Toutes mes excuses, j'espère que nous aurons une autre occasion de nous parler.

Puis je leur tourne le dos et sors de la taverne en me forçant à ne pas courir.