Entre deux eaux

La lune venait de se lever, éclairant d’une lueur douce la plage d’Aqua. Une silhouette se détacha du paysage, marchant dans le sable fin avant d’entrer jusqu’aux chevilles dans l’onde sombre mais rafraîchissante de la mer, les sandales à la main.

Qu’il était bon de sentir autour de soi son élément, de voir l’aura de la mer effacer la fatigue plombant son corps et lui redonner l’énergie perdue, comme si elle venait de se réveiller d’un sommeil réparateur.

Appréciant la caresse de l’eau fraîche sur ses pieds, elle avança plus loin, s’enfonçant jusqu'à la taille. Le tissu de sa tunique devint plus lourd, mais elle ne s’en préoccupa guère : il séchera rapidement une fois sortie. La tête ailleurs, le regard posé sur les étoiles, et plus particulièrement la sienne : petit astre à la faible clarté et sans nom tel est son guide, perdu au milieu de ses confrères … un peu comme elle.

La semaine avait été riche en événement ; elle était partie quelques jours plus tôt à la recherche de la ville de lumière : citée des Constellations. Après avoir traversé plaines et bois, et passé une journée à s’enfoncer dans une forêt aux arbres centenaires, elle y était parvenue. Emerveillée par la beauté et la sérénité des lieux, elle avait fini par rencontrer leur roi : Nadhir, un troll : Lebaron, et quelques autres membres de cette confrérie. Elle leur avait expliqué l’objet de sa visite : on lui avait parlé de cette faction où les membres étaient unis par un lien invisible mais indestructible, tel une famille, et elle souhaitait se joindre à eux. Ils l’acceptèrent mais lui expliquèrent qu’elle n’en ferait réellement partie intégrante que lorsqu’elle les aura rejoint sur Melrath Zorac. Pour l’heure il faudrait qu’elle continue à s’entraîner dans la ville d’Aqua. Calyso avait donc pris congés après les avoir remercié de leur accueil. Et elle venait tout juste de rentrer dans sa ville élémentaire.

Rejoignant le présent et voyant que la nuit était bien avancée, la prêtresse rejoignit le rivage. En foulant le sable, elle sentit que quelque chose avait changé et s’arrêta net, scrutant l’obscurité à la recherche de l’origine de la gêne qui l’a gagnait. Là ! Sur le toit de la cabane de l’ermite, une ombre se dessinait, immobile. Curieuse mais prudente, la jeune fille s’en approcha afin de pouvoir mieux la distinguer. Elle s’arrêta à quelques pas de la cabane et leva la tête pour détailler cette tâche sombre : c’était un homme d’age mûr, d’après sa stature, mais dont le visage était caché sous le capuchon de sa cape noire le recouvrant entièrement. Calyso le reconnu : s’était l’inconnu qui lui avait parlé des Constellations ! De plus en plus intriguée, la magicienne s’adressa à lui :

Bonsoir ! Puis-je m’asseoir à vos côtés, si cela ne vous dérange pas ?

Mais qu’est ce qui lui passait par la tête ces temps ci ? Elle qui d’habitude ne se mêlaient guère aux autres, préférant la solitude ; voila qu’elle voulait taper la causette avec un homme qu’elle ne connaissait point ! Elle qui restait même à l’écart de ses sœurs prêtresses de Posicillon, était allée jusqu’à vouloir entrer dans une communauté sur l’invitation de cet homme ! Mais que lui arrivait il donc ?

Souvent, après de longues chasses, Lolokito, jeune nécromant, se retrouvait dans sa maison dans la falaise, que peu de gens connaissaient, pour boire un verre tranquillement.

Ce jour-là, les piranhas avaient pris beaucoup de plaisir à l'envoyer à la nécropole, toute cette chasse sans grand bénéfice, il en étant devenu presque fou !

Il décida donc d'aller plus vers le nord, toujours au Nord, là ou la fréquentation des gens était plus rare qu'en ville ou sur le débarcadère, là se trouvait une belle plage où il décida de se poser tranquillement. Cet endroit était si beau mais il était peuplé de moustiques assez dangereux dont une simple piqûre pouvait être mortelle.

Se sentant donc en danger il décida de fuir cet endroit pour trouver un lieu de tranquillité. Il prit à l'ouest et se trouva au beau millieu d'une plage merveilleuse sans presque trop de monstres mechants, il décida donc de s'y installer.

Il découvrit avec stupeur un arbre sur lequel il pût grimper et un toit sur lequel se poser, c'était la hutte d'un vieille ermite, il se dit qu'il ne dirait sûrement rien.

Dès lors qu'il fût en-haut il se posa des questions, pourquoi, ... Comment, ... Des constel, il en avait vu tant et il alla même sur d'autres terres en recruter, et il se souvenait de tous les valeureux guerriers, magiciens voir même magiciennes, nécromants ou rôdeurs.

La voix d'une personne connue l'interpella :

Bonsoir ! Puis-je m'asseoir à vos côtés, si cela ne vous dérange pas? la voix qu'il venait d'entendre était celle de Calyso, une puissante magicienne qu'il avait rencontrée il n'y a pas si longtemps.

Bien entendu que vous pouvez venir, attendez je vais vous aider.

Lolokito descendit de l'arbre et se concentra, son amie s'éleva doucement dans les airs jusqu'à se poser à l'endroit ou il était dix secondes plus tôt.

L'homme était descendu la rejoindre d'un bond, au pied de l'arbre, et lui proposait son aide pour atteindre le toit de la hutte : c'est vrai qu'on y était bien ! Elle allait refuser quand soudain elle se sentie légère ; elle remarquat que ses pieds avaient quitté le sol et qu'elle flottait dans le vide, s'élevant lentement à hauteur du toit. Elle perçut aussi l'émanation d'une energie magique et compris que Lolokito en était la source et que c'était lui qui la faisait léviter. L'instant d'après, elle atteri en douceur et fut rejointe par son compagnon.

Merci beaucoup, mais vous savez, j'aurais trés bien pu y arriver toute seule ; ce n'est pas la première fois que je monte là : j'y viens pratiquement toutes les nuits

Voila qu'elle ouvrait encore plus son coeur aux autres ? C'est sûr elle devait être malade ! A moins qu'il n'y ai quelque chose chez ce nécromant qui l'invite à se confier, ou tout du moins qui lui donne envie de discuter. Encore un truc nouveau chez elle, elle changeait et ne s'en rendait même pas compte. Si elle se regardait dans un miroir, elle était sûre qu'elle ne s'y reconnaitrait pas !

Qui êtes-vous ? Que faisiez-vous là, ce soir ? Vous m'épiez ?
Murmura t'elle dans un souffle.

Engager une conversation n'était pas si facile, il fallait rester poli et s'asseoir sur les questions trop directes, prendre des chemins détournés pour arriver à ses fins. C'est ce qu'on lui avait enseigné au temple, tout du moins essayé. Elle revoyait encore le prêtre lui signifier qu'elle manquait de tact et de doigté et que c'était pour cela qu'elle resterait toujours à l'éc rt. Elle n'avait jamais cherché à démentir ces propos, et maintenant.... Elle se trouvait lamentable. Pire qu'une huître refermée sur elle-même ! Machinalement elle replia ses jambes vers elle et les enserra dans ses bras, la tête posée sur ses genoux et les yeux rivés sur le ciel.