Un passant c est une chose curieuse.
Ca marche sur un trottoir et ca ne fait que passer.
Passer pour un passant, ce n’est que normal me direz-vous.
Bien entendu, je ne pourrais le nier.
Pourtant le passage d’un passant me parait étrange.
Voyez par vous-même.
Regardez celui-là.
Il marche.
Au pied d’un trottoir de cette ville sordide, un enfant meurt de faim.
Le passant le regarde, plein de compassion.
« Je voudrais bien t’aider mais je ne sais que faire » dit-il.
« Mais je vais mourir » répond l’enfant.
« je voudrais bien t’aider mais je ne sais que te dire » et le passant poursuit son chemin.
Et l’enfant meurt.
Voyez celui-ci.
Il marche le long de la plage.
A ses pieds, vient s’échouer une bouteille.
On y distingue un message en guise de contenu.
Mais le passant passe.
Il délaisse la bouteille.
Plus loin, d’autres bouteilles.
Le passant ne détourne même pas son regard.
Après tout, c’est un passant, pas un ramasseur de bouteilles.
Certes, mais regardez encore celui-ci.
Il marche sur un chemin de campagne.
Un chien perdu le suit en quête d’une caresse.
Le passant l’ignore.
Le chien gambade joyeusement autour de lui.
Le passant continue sa route feignant ne pas apercevoir l’animal.
Celui-ci insiste, jappe gentiment pour attirer l’attention du passant.
Sans modifier son pas, le passant lui lance « toi, t’arrêtes de me surveiller, je suis un passant, ma route ne te regarde pas, alors passe ton chemin »
Plus tard, j’appris que ce passant était l’ancien Maitre du chien.
Un dernier exemple de l’étrangeté du passant ?
Voyez là où l’enfant est mort hier.
Aujourd’hui s’y trouve un vieux clochard, mendiant une aumône.
Le passant passe.
« Monsieur, une petite pièce s’il vous plait »
Sans ralentir son allure : « je suis très occupé pour l’instant mais je passerai ce soir déposer de quoi te réconforter »
L’histoire du passant s’arrête là.
A chacun de s’imaginer la fin.
Le passant reviendra t’il apporter ce qu’il a promis ou laissera t’il mourir de froid le clochard seul dans la nuit ?
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